[Football : AS Saint-Etienne - Olympique lyonnais (2-2)]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon
technique 1 photographie numérique : couleur
historique "Si on avait pris une bonne déculottée, il n'y aurait rien eu à redire. Il est impossible de gagner sans jeu, sans agressivité, sans fraîcheur ni de plaisir. Le seul côté positif de la soirée, c'est la réaction épidermique du groupe en seconde période et le point pris aux Lyonnais. Un point, c'est tout!...". A la différence de bon nombre d'entraîneurs de D1 au discours aseptisé, Robert Nouzaret n'a jamais été un adepte de la langue de bois. Avec sa verve habituelle, mais aussi beaucoup de lucidité et de franchise, l'entraîneur stéphanois n'a pas cherché à se voiler la face au terme du 79e derby entre l'ASSE et l'OL. Son analyse, à chaud, résume bien la physionomie d'une rencontre au scénario improbable, avec une équipe stéphanoise brouillonne, craintive, fébrile, incapable de soutenir la comparaison avec onze Lyonnais déterminés, bien organisés et souvent brillants. Mercredi soir, le fameux "enthousiasme" prôné par Robert Nouzaret avait bel et bien changé de camp. Un constat concrétisé à deux reprises, en première période, par Sonny Anderson et Steve Marlet. A la pause, l'addition aurait pu être plus lourde si le coupfranc de Pédron, détourné par le mur, n'avait pris Coupet à contrepied et si les attaquants lyonnais avaient mieux négocié deux autres balles de but. D'autant plus regrettable que, dès la reprise, une petite faute d'inattention de la défense lyonnaise allait permettre à Potillon d'arracher une égalisation inespérée au regard de la partie. "C'est vrai que nous n'étions pas dans un bon jour, concède le meneur de jeu stéphanois, Stéphane Pédron. D'habitude, nous parvenons à bien débuter la rencontre et à faire la différence en première période. Là, nous n'avons jamais pu trouver nos marques, en partie en raison du positionnement des Lyonnais qui ont bien joué le coup. Bref, on a de la chance d'avoir empoché un point". Déjà privés de leur buteur, Aloisio, les Stéphanois ont appris avant le coup d'envoi le forfait d'Alex, en instance de transfert. Or, Panov et Sanchez ont eu du mal à soutenir la comparaison avec les deux artistes brésiliens. Derrière, la charnière stéphanoise a souffert face aux incessants appels du duo Anderson-Marlet. "On est déçu de notre match, reconnaît le capitaine, Jean-Guy Wallemme, souvent vu à la peine au centre de sa défense. L'aspect positif, c'est que l'on a su trouver les ressources pour revenir au score. C'est l'orgueil qui nous a sauvés en seconde période". Déception, ce mot était aussi sur les lèvres de tous les joueurs lyonnais. Pour d'autres raisons. Certes, après trois matches nuls 1-1 à Geoffroy-Guichard, l'OL a préservé son invincibilité dans le chaudron. Mais les coéquipiers de Sonny Anderson avaient beaucoup mieux à faire, comme l'admet Jacques Santini, partagé entre la satisfaction d'avoir bien négocié le plus court déplacement de l'année et la frustration d'être passé très près d'un exploit. "Les joueurs ont fait un grand match et ils étaient un peu déçu au retour des vestiaires car, compte tenu de la qualité du jeu pratiqué, ils méritaient mieux, explique l'entraîneur lyonnais. Cela dit, c'est un résultat positif. Réaliser une telle prestation à Saint-Etienne, dans un stade où les deux précédents visiteurs avaient été largement battus, est une réelle satisfaction. Comme je le pensais, le fait d'avoir évacué le souci de la qualification en Champion's League nous a permis de monter en puissance et d'évoluer beaucoup plus en confiance. On espérait un déclic. Sur cette rencontre, il m'a paru se produire. Durant tout le mois d'août, l'équipe avait montré de belles choses par séquences. Cette fois, elle a réalisé un match plein de nature à lancer vraiment notre saison". Un discours partagé par Jean- Michel Aulas qui, s'il estime que "l'OL a perdu deux points", se réjouit de la montée en puissance de son effectif. "L'équipe a bien maîtrisé son sujet. Sur le plan du comportement et de la manière, j'ai donc toutes les raisons d'être satisfait. On verra par la suite si ce match contribue à relancer complètement le groupe. Mais j'ai vraiment l'impression que le déclic est là". Un optimisme renforcé par la prestation plus que prometteuse de sa dernière recrue, Edmilson. Cinq jours après son arrivée en France, le libero de la Seleçao a vite trouvé ses marques au centre de la défense. Du sang-froid, un placement sans faille, du timing dans le jeu aérien, des relances très propres... L'ancien capitaine du FC Sao Paulo a su d'emblée trouver ses marques, rassurer ses coéquipiers et justifier le choix de Jacques Santini de l'aligner au coup d'envoi. "C'est vrai qu'Edmilson a signé une entrée fracassante, se réjouit Jean-Michel Aulas. Il s'est comporté en véritable patron de la défense, avec des gestes techniques exceptionnels. On comprend mieux pourquoi les dirigeants de Sao Paulo ont fait de la résistance pour le conserver car il a ébloui le derby de toute sa classe alors qu'il n'est jamais facile de débuter sur un match à haute tension comme le derby". Florent Laville a lui aussi été impressionné par l'"assurance" d'Edmilson. Mais au-delà de la présence "rassurante" de son nouveau coéquipier, le capitaine olympien insiste sur la prestation globale de l'équipe, dans un contexte difficile. "Si les Verts n'ont pas été très brillants, c'est que nous avons tout fait pour contrarier leur jeu. On peut être déçu, compte tenu du nombre d'occasions que l'on s'est créé, mais aussi sur le fait d'avoir encaissé deux buts sur coup de pieds arrêtés. C'est dommage de prendre deux buts de la sorte. Cela dit, avant le coup d'envoi, on aurait signé pour un match nul. Le plus important, c'est d'avoir réalisé notre meilleur match depuis le début de la saison. C'est de bon augure pour la suite, à condition de s'en servir comme un match de référence". Vikash Dhorasoo, qui a contribué à déstabiliser la défense adverse par ses débordements et ses centres en retrait sur le côté gauche, insiste également sur cette notion de "match référence". "C'est la première fois de la saison qu'on réalise un match aussi plein, avec un esprit conquérant. On doit s'en inspirer pour bien négocier les prochaines échéances", conclut le petit meneur de jeu lyonnais. Dès samedi, les hommes de Jacques Santini auront l'occasion de confirmer leurs progrès face à Lens. "On se doit de renouveler ce genre de match pour remonter peu à peu vers le haut du tableau", remarque l'entraîneur lyonnais. Malgré le bon point ramené de Geoffroy-Guichard, l'OL est en effet relégué à la treizième place, à sept points du leader nordiste. Un écart qu'il s'agira de réduire avant de songer au baptême du feu en Champion's League, mardi, à Gerland, contre Heerenveen. Source : "Un point et des regrets" / Pascal Auclair in Lyon Figaro, 8 septembre 2000, p.19.

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